Respirer de la fleur d’oranger pour calmer son anxiété, du jasmin pour être plus joyeux ou de la citronnelle pour se reconcentrer… L’aromachologie explore l’influence des odeurs sur notre psychisme et leur faculté à améliorer notre bien-être au quotidien. Mais les plantes aromatiques peuvent-elles vraiment modifier nos humeurs ? Explications.
Source: www.psychologies.com
Qu’est-ce que l’aromachologie ?
L’utilisation des plantes aromatiques pour leur effet curatif sur l’esprit existe depuis des millénaires. Dans l’Egypte ancienne, on brûlait la myrrhe, résine aromatique produite par le balsamier, au coucher du soleil, pour calmer l’anxiété et améliorer le sommeil.
Dans la Grèce Antique, les effluves de safran étaient utilisés pour favoriser l’endormissement et Hippocrate affirmait même : « le parfum est un remède pour soigner la mauvaise humeur ».
Ce n’est qu’en 1982 qu’apparaît le terme « aromachologie », suggéré par Annette Green, présidente de la Fragrance Foundation. L’experte en parfumerie l’utilise alors pour qualifier la recherche de bien-être et d’émotions à travers une fragrance.
Malgré une racine commune, l’aromachologie ne doit pas être confondue avec l’aromathérapie. « C’est une branche de l’olfactothérapie » explique Laurent Berlie, fondateur et directeur des Laboratoires Eona, experts en aromathérapie bio. « Plus subtile que l’aromathérapie qui répond à un besoin physique de soin (infection, cicatrisation), elle étudie le lien entre les odeurs et le psycho-émotionnel.
Les huiles essentielles de lavande vraie, géranium, basilic tropical ou ylang-ylang sont couramment utilisées pour soulager le stress, tandis que l’épinette noire, la bergamote et le romarin sont stimulantes et aident à combattre la fatigue générale. Les huiles d’orange douce, mandarine verte et camomille romaine ont un effet calmant qui favorise l’endormissement.
Pour tirer pleinement profit des bienfaits des plantes en aromachologie, Alexia Blondel, spécialiste en huiles essentielles, conseille la diffusion d’une essence préalablement choisie dans la pièce, pour créer un espace individuel de cocooning. Se masser les zones de tension comme les poignets, les cervicales, le plexus solaire ou les pieds avec quelques gouttes d’huile essentielle diluée dans une huile végétale est une autre méthode efficace : elle allie « l’effet relaxant du massage aux propriétés chimiques des huiles qui pénètrent rapidement dans la peau ». Laurent Berlie souligne la perception immédiate du bienfait lors d’une inhalation simple, sur mouchoir ou stick olfactif, qu’on peut coupler à des séquences de respiration inspirées de la sophrologie.
Du nez au cerveau
Souvent relégué au rang d’inconscient, le sens olfactif est pourtant en prise directe avec nos émotions et notre comportement. « Dans notre société actuelle, le sens olfactif a été totalement délaissé » observe Pauline Dumail, aromathérapeute. « Le cerveau était au départ un bulbe olfactif. L’odorat est le sens primaire de l’homme mais on ne prend réellement conscience de son importance et de son lien intense avec nos émotions que lorsqu’on souffre d’anosmie (perte de l’odorat)».
Souvenirs olfactifs
Lorsque l’on sent une odeur, un influx nerveux rejoint le système limbique, noyau de la mémoire et des émotions. C’est dans cette structure cérébrale que le message olfactif est analysé par notre cerveau avant d’être transcrit en sensation de plaisir ou déplaisir. Cette action réelle est prouvée à travers l’étude menée par le professeur Arnaud Aubert, docteur en neurosciences et en psychophysiologie à l’université de Tours. Il démontre les effets calmants d’une eau à la fleur de figuier sur la tension musculaire, l’activité cardiaque et la voix après quinze jours d’utilisation. La fragrance régule efficacement le stress et améliore le bien-être.
Au-delà de leurs compositions chimiques et de leurs caractéristiques directement observables, les huiles aromatiques offrent cet étrange pouvoir d’entrer en résonnance avec l’histoire intime et l’univers très personnel de chacun. « Quand j’étais petite, ma mère me donnait un verre d’eau avec une goutte de fleur d’oranger et un sucre lorsque j’étais malade » raconte Camille. « Encore aujourd’hui, l’odeur de la fleur d’oranger m’apaise immédiatement. »
Chacun de nous peut retrouver un souvenir enfoui ou une émotion au contact d’une odeur. C’est justement parce qu’elles provoquent la réminiscence d’une vision que certaines plantes réduisent le stress ou l’anxiété. Mais peut-on le réduire à cela ? Pas seulement selon Pauline Dumail et Laurent Berlie, car les huiles essentielles ont une « action vibratoire » qui va bien au-delà. Dans son livre Et l’odorat ? Le nez sens dessus dessous, Catherine Bouvet attribue trois activités aux huiles essentielles : moléculaire (antiseptique, cicatrisante), bio-électronique (énergétique) et la troisième, « plus subtile, liée au passé et au contenu affectif de chacun ».
L’aromachologie introduit une autre vision du parfum. Il n’est plus un accessoire de séduction mais une ressource qui nous fait du bien, parfois même à notre insu. En permettant à chacun de pratiquer les gestes qui soignent et qui détendent, l’aromachologie contribue à notre équilibre et notre joie de vivre.
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